LES BARQUES DIVINES 

 

Les barques moyen de transport pas excellence, dans le monde égyptien dans la vie de tous les jours,  en raison de l'omniprésence du Nil, ont vu leur image transposée dans l'univers imaginaire. Le soleil accomplit son périple journalier dans deux embarcations spécifiques, l'une pour le jour "mandjèt", la seconde pour la nuit "mesketèt". Véhicule de l'astre diurne et nocturne, ces esquifs représentent également les deux yeux du grand dieu en tant que support de ces manifestations.

Dans le monde réel, des statues divines étaient transportées en procession sur ces barques. Dans la chapelle des temples, les tabernacles renferment une petite barque richement décorée à l'image du dieu des lieux. Elle est ornée à l'avant et à l'arrière, de la tête de l'animal sacré du dieu, au milieu, une petite cabine recouverte de draperie pour soustraire la vue directe de la divinité au commun des mortels. C'est cette barque que l'on porte en procession les grands jours de fête religieuse. Pour le peuple elle équivaut à l'image du dieu. Cette représentation de la barque est une caractéristique  propre à l'Egypte. En effet, elle évoque en premier lieu, le voyage sur le Nil.

Dans le culte funéraire égyptien, ces barques étaient construites pour transporter les âmes des défunts dans le ciel, sur les traces du dieu Soleil. Au départ pour les seuls pharaons, le culte s'est ultérieurement étendu à des morts plus "ordinaires". Les âmes des morts (devenus de nouveaux Osiris) rejoignaient la barque du Soleil dans sa course céleste. Ces barques sont le plus souvent symboliques, soit qu'elles soient peintes sur les murs du tombeau, soit qu'elles soient représentées par des modèles réduits, art dans lequel les Egyptiens étaient passés maîtres.

Les plus anciens textes funéraires connus,  gravés sur les parois des chambres sépulcrales des rois de la fin de la Ve et VIe dynastie constituent un ensemble de recettes magiques qui permettent au roi de se protéger de tous les dangers dans l'autre monde, et de participer à la navigation de la barque solaire. De multiples dangers la menacent au cours de cette navigation nocturne, et le texte fournit les incantations nécessaires pour les surmonter. Le Livre des Morts reprendra nombre de ces formules.

Osiris est le grand dieu civilisateur égyptien. C'est lui qui a appris aux hommes l'agriculture, la viticulture et enseigné les arts. Tué par Seth, il est devenu, une fois ressuscité, le souverain des morts. Il préside le tribunal lors de la "Pesée de l'âme" et il est connu sous le nom de "chef des Occidentaux". En effet, les Egyptiens plaçaient le pays des morts à ...l'extrême occident.

 


C'est en 1954 que l'on a retrouvé, à proximité des pyramides, sur le plateau de Gizeh, une barque considérée comme la barque solaire funéraire de Khéops.

Mesurant 43 mètres de long sur 6 de large et 1,75 de profondeur, construit en bois de cèdre, ce navire, dont on estime le déplacement à 45 tonnes, se trouve en parfait état de conservation malgré ses 4500 ans d'âge. Retrouvé démantelé en 1224 morceaux, son remontage a pris dix ans. Il est maintenant installé dans un musée au pied de la pyramide de Khéops, côté sud, proche de l'endroit où il a été découvert.

D'après plusieurs spécialistes navals, ce navire est d'une conception particulièrement hardie ; présentant toutes les caractéristiques d'un navire de haute mer, avec une proue pointant vers le haut, comme celle d'un drakkar viking, et lui permettant ainsi de braver, non pas les remous du Nil mais les vagues de l'Océan. Un tel navire n'a pu être conçu que par un peuple ayant une longue et solide expérience de la navigation. Ce qui n'est pas le cas des Egyptiens, du moins selon la conception officielle des égyptologues.

La coque est formée de centaines de morceaux de bois liés avec de la corde. Dans l'eau, le bois humide gonflant et la corde se rétrécissant, l'assemblage devient très ajusté ce qui rend tout calfatage inutile. Le bateau avait six paires de longs avirons dont une paire à la proue servant de gouvernail de direction. 

 

Les barques solaires, les peintures le montrent, les Textes des Pyramides ou des sarcophages le disent, servaient certainement de façon symbolique au transport de l'âme du défunt. Ces barques quasiment divines qui ont servi au transport de ces "dieux" sachant tant de choses (l'agriculture, l'architecture, les arts...) prenant dans le culte  un aspect central. Ces barques des dieux légendaires du Premier Temps qui ont apporté en Egypte (comme en bien d'autres contrées) les bienfaits de leur civilisation ; l'astronomie, l'agriculture, l'architecture, l'écriture, faisant franchir aux pauvres habitants de la vallée du Nil un substantiel bond en avant. Comme un nouveau monde se bâtissant sur les ruines de l'ancien.