texte des pyramides

Comme il est beau de voir le roi,
Le front ceint comme celui de rê,
Vêtu de son pagne comme Hathor,
Sa plume étant comme la plume du faucon
tandis qu'il s'élève vers le ciel,
Parmi ses frères les dieux
Comme elle est belle la vision,
Comme elle est élevée la contemplation de ce dieu
Lorsqu'il monte au ciel,
Comme monte au ciel son père Atoum.
Son ba est au-dessus de lui,
Ses charmes magiques à son côté
Et la crainte qu'il inspire à ses pieds.

Trois voeux

Ah ! puisses-tu te hâter vers ton amie,
comme le messager du roi,
dont le maître attend avec impatience le message
qu'il désire entendre.
Pour lui, des écuries entières sont harnachées.
Pour lui, des chevaux sont maintenus au relais.
Et le char est prêt, dans lequel il se tient.
Il ne doit pas s'arrêter en route.
Lorsqu'il atteint la demeure de la bien-aimée,
son coeur se livre à la joie.
Ah ! puisses-tu venir à moi,
comme un cheval du roi,
choisi entre tous :
la gloire de l'écurie.
Il reçoit le meilleur fourrage,
son maître connaît son pied,
lorsqu'il entend le fouet,
on ne peut l'arrêter.
Le meilleur des conducteurs de char
ne peut le dépasser.
Le coeur de l'amant sait bien
qu'il n'est pas éloigné de son amie.

  

EGYPTE

Les sycomores bleus balancent au Zéphyre
Leur fastueux panache où nichent des ibis
Si roses qu'on dirait des jouets de rubis.
Le Sphinx les fixe avec ses regards de porphyre.

Le ciel illimité déroule son délire
Sur le sable, pareil au sommeil des zombis,
Que les cailloux de miel couvrent de clairs habits.
Mais quel fleuve lointain fait résonner sa lyre ?

C'est Lui, le Nil sacré, fils éternel des monts !
Sous les faucons d'agate et les éperviers mauves
Il s'avance, entouré du hurlement des fauves ;

Et l'ermite, que trouble un troupeau de démons,
Rêve dans sa caverne, à l'ombre des pilastres,
Aux fruits de paradis que mûrissent les astres.

LA BELLE EGYPTE

La belle Egypte au bord du Nil danse,
Air léger sur l’eau claire ;

La jolie fille aux reflets verts joue,
Cheveux gais, robe en fil.

Le noir bédouin du grand désert crie,
Sol torride et vent vif ;

Le garçon dur au corps massif court,
Œil de sang, ventre amer.

Les deux amants, flammes et miel, roulent,
Eclairs et tournoiements ;

Le Nil discret paisiblement Va,
Impavide, éternel.



 

LE SPHINX

Dans la nuit claire et froide où l'air semble gelé,
Engourdi, frissonnant, sous la clarté lunaire,
Le grand sphinx de granit compte ses millénaires
Et revit solitaire les splendeurs du passé

Le sable mollement roule son étendue,
Et le scintillement des facettes polies
Brille comme mille feux d'ardentes pierreries,
Merveilleuses parures et gemmes inconnues.

La lune aux yeux bleus coule son disque jaune,
Ses reflets opalins, dans ses orbites creux,
Donne au sphinx l'attitude trompeuse
Du sommeil menaçant que simulent les fauves.

Sur l'immensité du désert sans borne,
Silencieux, figé dans sa robe hiératique,
Sur son socle rigide, la face énigmatique
S'appesantit pensive, dure, farouche et morne.

Et superbe gardien des siècles disparus,
Survivant éternel de l'antique débâcle,
Comme un cheval sauvage qui soudain renâcle,
Dans la nuit noire surgissent des êtres déjà vus,

Leurs fantômes ailés repeuplent le désert
Et leurs pas talonnant ont fait crier le sable,
Le sphinx mystérieux, pensif et vénérable
Regarde tournoyer ces monstres de l'enfer.

Resurgis du passé, ils défilent en cadence :
Grands colosses de pierre à tête de bélier,
Sphinx, griffons, ibis, pharaons et guerriers
Tous viennent une nuit pour la dernière séance...

Sous les rayons blafards de la lune nostalgique,
Déroulant lentement leur émouvant cortège,
Les colosses de granit et les fantômes de neige
Semblent les seuls survivants des hordes fantastiques.

Alors quand l'aube paraît soudain à l'horizon,
Ces ombres disparaissent avec flûtes et sistres
Ayant tous achevé leur dernier tour de piste !
Seul, le Colosse de sable figé, rêve sa vision.

Voyageurs qui cherchez la clef d'anciens mystères
Dans le silence des dunes une voix vous appelle
Un pharaon de pierre interpelle les mortels
Pour leur dire que leur corps n'est que de la poussière...

Devant l'Eternité du Nil

Sur le jaune océan des sables sans rivage,
O Nil, fils du soleil ! O Nil, père des eaux !
Tu déploies lentement ta crinière sauvage
A travers les palmiers ensanglantés d'oiseaux.

Ton éternel cristal s'écoule avec emphase,
Brisé d'un crocodile aux sursauts véhéments,
La gazelle qui nage en ton clair firmament
Broute les blancs lotus, où l'étoile s'embrase.

Un transparent sorcier chaque année t'exorcise
Et transmue tes saphirs en déluge de sang.
Sur son trône de feu la pyramide assise
Jette vers ta souffrance un rêve éblouissant.

La nuit, lorsque la lune incante ton délire,
Nephtys, déesse sombre aux ailes d'épervier,
Vient laver ses cheveux que les enfers pâlirent...
O Dieux ! l'âme des morts pullule en tes viviers !

Tes flots vertigineux s'échappent hors du nombre ;
Tu nais aux monts sacrés où les lacs bouillonnants
Déroulant leur spirale illimitée dans l'ombre,
Vont rejoindre la flamme au coeur des continents.

Les nefs qui transportaient les tendres pharaonnes
Dans l'étincellement des bijoux et des cors,
Sous la voile éclatée où les brises frissonnent,
En tes reflets d'éther vivent-elles encor ?

Immuable géant, tu vis avec dédain
Les lourds guerriers d'Assur passer sur leurs cavales !
Leurs casques foudroyés, tu les roulas soudain
O vainqueur ! par le fier fracas de tes cymbales.

Dans ton gouffre fatal sont venus s'engloutir
Les purs vautours de Perse et les louves de Rome.
Tes sycomores d'or ne cessent de gémir
Sur la pâle Byzance aux brûlants hippodromes.

Lorsque dans l'avenir le désert triomphant
Sur les ruines de l'homme étendra sa colère,
Quand Eve pleurera ses ultimes enfants
Dont les cadavres noirs fondront dans les tonnerres ;

Quand tout sera tombé, les cités et les dieux,
Les usines d'acier, les églises d'albâtre,
Quand des astres nouveaux terrifieront nos cieux
Près d'un morne soleil aux longs sanglots rougeâtres,

Empereur de la vie, tu couleras toujours
A travers l' inconnu frisson des térébinthes,
Parmi les monstres nés du mystère des jours
Dont ta voix triomphale emportera les plaintes...

A la gloire d'un jeune souverain  cavalier


Quand il était enfant, il aimait les chevaux.
Il en faisait sa joie, et prenait de la peine à les soigner,
étant instruit dans l'art nécessaire de les dresser,
connaissant parfaitement la bonne méthode.
Dans le palais ceci fut entendu par son père,
l'Horus, taureau puissant, qui fut couronné dans Thèbes,
le coeur de sa Majesté fu heureux d'entendre cela,
il dit à son coeur :
il sera roi de toute la terre et n'aura point d'adversaire,
celui qui recherche la force et se réjouit de la vigueur.
C'est un bel enfant méritant d'être aimé,
qui n'a pas encore toute son intelligence,
il n'est pas encore en âge,
de s'acquitter du travail du Dieu de la guerre,
pourtant, déjà, il néglige les plaisirs,
et prend de la force.
Dieu a mis dans son coeur d'agir ainsi.
Pour lui donner l'Egypte, et lui soumettre la terre.
Sa Majesté dit à ceux qui se trouvaient auprès de lui :
"Qu"on lui donne un très bel attelage,
provenant de mon écurie qui est à Memphis :
Dites-lui : occupe-toi de lui et prends-en soin,
donne-lui de l'exercice et mets-lui des rênes, s'il est
indocile."
Et lorsque l'on eut appris au fils du roi
à prendre soin d'un attelage de l'écurie royale,
il fit selon ce qui lui avait été proposé :
Reshep et Astarté se réjouissaient à son sujet.
Il fit tout ce que son coeur désirait,
il dressa des chevaux incomparables,
qui ne se fatiguaient pas lorsqu'il tenait les rênes,
qui au grand galop, n'arrivaient par couverts de sueur.

Les dix plaies

Le cœur du Pharaon d‘Egypte s’obstinait
Alors Dieu envoya la première plaie :
Il ordonna à Moïse et Aaron
Que sur le Nil il devait tendre leur bâton,
Et le Nil devint une mer de sang
Les poissons moururent et il devint puant.
Son cœur devint aussi dur que son palais
Alors Dieu envoya la deuxième plaie :
Après le sang, des grenouilles montèrent du Nil
Et Envahirent les pétrins et le fournil,
Les lits et les chambres intérieures
De tous Egyptiens jusqu’au serviteur !
Le troisième fléau fut plus que domestique :
La poussière du sol se changea en moustique
Le quatrième malheur fut celui des mouches
Que ne chassait même pas une bonne douche.
Mais Pharaon restait toujours insensible,
Alors la peste vient troubler ce lieu paisible ;
Le cinquième fléau frappait les animaux,
Et fit des ravages parmi tous les troupeaux.
Les hommes de Dieu jetèrent de la cendre en l’air
Il y produisit des furoncles de manière,
Que les hommes et les bêtes en fut couvert,
C’était la sixième plaies mais pas la dernière.
Ensuite Moïse leva sa main vers le ciel
Et il eut des tonnerres et de la grêle,
Qui ne firent que ravager tout le pays
Et ce qui restait allait être détruit.
Les sauterelles allaient maintenant dévorer
Ce que la grêle avait voulu épargner.
A la neuvième plaie il n’y eut pas de nuit.
Pendant trois jours et le ciel s’obscurcit,
Et les ténèbres couvraient le cœur endurci
De ce souverain d’Egypte, un homme maudit.
Enfin, c’est toujours la mort qui libère.
Ce n ‘est que lorsque le fils de ce cerbère,
Ainsi que tous les premiers-nés moururent
Que la fatalité meurtrie ce cœur dur,
Et le peuple de Dieu parti pour le désert
Tournant le dos à l’Egypte et sa misère.

 

                           

 

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