Immortalité

Le chef des embaumeurs pense que je perds la raison,  
Que la douleur m’égare et me rend sacrilège,  
J’ai refusé qu’on ôte ton corps de la maison,  
J’ai demandé qu’on cesse ces pleurs et ce manège  
Qui trouble ton repos et la paix de mon âme.

J’ai refusé qu’on baigne dans le natron ton corps,
Qu’on pratique l’injurieuse ouverture dans ton flanc
Pour emplir les vases canopes; ces insensés te croient mort.  
Pas de bitume pour embaumer tes traits souriants.  
Qui ose troubler ton repos et la paix de mon âme ?

J’ai enduit ta peau d’huiles parfumées et de rares essences,  
Ta peau qui jette toujours le désordre sur l’empire de mes sens,
Je l’ai couverte de bandelettes blanches du lin le plus fin,  
Pourquoi ne comprennent-ils pas que ce n’est pas la fin ?

J’ai posé sur ton cœur la croix Ankh et le noeud d’Isis,  
Disséminé sous l’étoffe l’œil Oudjat, Ouadjit et la plume  
De Maat, le pilier Djed et le scarabée Khepri. Par Isis,  
Je ne veux pas laisser ton corps sans protection contre l’écume  
Des jours, des millénaires et la cupidité des hommes,  
Puisque j’ai refusé la myrrhe, leur résine et leur gomme.

Demain, je te conduirai seule dans la nécropole thébaine,  
Je couvrirai mes cheveux de cendres et de poignées de terre,  
Quand ils descendront ton sarcophage noir comme l’ébène  
Dans cette demeure éphémère taillée dans la roche et la pierre.

Tu connais les secrets du livre de Thot, rouleau sacré  
Caché à la honteuse convoitise des hommes.  
Tu es pétri des pouvoirs de Sekhmet la dorée  
Et tu vivras longtemps après les ruines de Rome.

Dans trois lunes, ton corps sera régénéré.  
Quand l’étoile Sothis apparaîtra à l’horizon  
Je viendrais seule, comme tu l’as demandé,  
Te délivrer du linceul qui forme ta prison.

Et en guise de cérémonie d’ouverture de la bouche,  
Je baiserai tes lèvres avec le feu de ma passion  
Et nous briserons le calcaire de ton cartouche.  
Désormais immortel, il te faudra un autre nom.  

 

  

 

L’HYMNE D’ATON

« Splendide est ton lever à l’horizon du ciel,
Ô vivant Aton, créateur de toute vie !
Quand tu t’es levé dans le ciel d’orient
tu emplis toute terre de ta beauté.
Tu es beau, tu es grand, tu rayonnes, haut au-dessus de la terre ;
tes rayons embrassent toutes les contrées,
autant que tu en as créé.
Tu es Rê, tu atteins leurs limites,

tu les lies pour ton fils bien-aimé.
Bien que tu sois lointain, tes rayons sont sur la terre,
On te voit mais ta route est invisible.

Quand tu disparais à l’occident du ciel,
le monde est dans l’obscurité comme dans la mort.
On dort dans les chambres, la tête couverte,
le regard ne peut rien apercevoir.
Si bien que si l’on dérobait des biens placés sous la tête,
on ne le remarquerait même pas.
Chaque lion quitte sa tanière,
chaque serpent mord,
règne l’obscurité, la terre est dans le silence,
car celui qui l’a faite repose dans son horizon.

La terre s’illumine quand tu te lèves sur l’horizon ;
quand tu brilles comme Aton dans le jour,
tu chasses l’obscurité ;
lorsque tu lances tes rayons
les Deux-Terres sont en fête.

Tu as fait la terre selon ton désir, toi seul,
et les hommes, le bétail, petit et grand,
tout ce qui sur la terre marche avec les jambes,
tout ce qui est en haut,
qui vole avec des ailes,
le pays de Kharou (Syrie) et le Koush (Nubie),
la terre d’Egypte.
Tu as mis chaque homme à sa place,
tu pourvoies à ses besoins ;
chacun a ses biens, son temps de vie.

Tes rayons nourrissent tous les champs,
quand tu brilles, ils vivent et croissent par toi.
Tu as créé les saisons afin de parfaire tout ce que tu as fait,
l’hiver qui apporte la fraîcheur, et la chaleur que tu dispenses.
Tu as fait le ciel au loin afin d’y briller,
et de voir ta création.
Car tu es seul, brillant sous l’aspect de l’Aton vivant.

Depuis que tu as créé la terre,
tu te lèves pour ton fils qui est né de ton corps,
le Roi qui vit par Maât, Seigneur des Deux-Terres,
Néferkheperourê Waenrê,

le fils de Rê qui vit par Maât, le Seigneur des Couronnes,
Akhenaton, grand dans son temps de vie,
et la Grande épouse royale qu’il aime, la Maîtresse des Deux-Terres,
Néfernefrou-Aton Néfertiti vivante pour l’Eternité.

 (-1360 av JC)  texte retrouvé sur la tombe de Ay

 

Adoration de Rê-Horakty : adoration du roi des deux Terres

Tu apparais dans la perfection de ta beauté Dans l'horizon du ciel, Disque vivant, Créateur de Vie ; Tu te lève dans l'horizon d'orient Tu emplis chaque contrée de ta perfection. Tu es beau, grand, brillant, Elevé au-dessus de tout l'univers, Tes rayons entourent les contrées Jusqu'à la limite de tout ce que tu crées. Tu es le principe solaire, Tu régis les pays jusqu'à leurs extrémités Tu les lies pour ton fils que tu aimes.

Tu t'éloigne, Tes rayons touchent pourtant la terre, Tu es devant nos yeux Ton chemin demeure inconnu Tu te couche dans l'horizon occidental, L'univers est dans les ténèbres, comme mort. Les hommes dorment dans leurs chambres, La tête enveloppée, Personne ne reconnaît son frère. Dérobe-t-on leurs biens sous leur tête, Ils ne s'en aperçoivent pas. Tous les lions sortent de leurs repaires Tous les reptiles mordent. Le monde gît dans le silence, C'est la plus profonde ténèbres. Son créateur se réponse dans l'horizon.

Tu te lèves à l'aube, à l'horizon Tu rayonnes, disque solaire, dans le jour, Tu dissipes les ténèbres Tu répands tes rayons. Le double pays est en fête, Les hommes s'éveillent, Ils se tiennent debout sur leur pieds. C'est toi qui fais qu'ils se lèvent. Leur corps devenu pur, ils s'habillent, Leur bras font des gestes d'adoration à ton lever. L'univers entier se met à l'œuvre, Chaque troupeau est satisfait de son herbage Arbres et herbes verdissent, Les oiseaux, volant ailes déployées hors de leur nids font des actes d'adoration à ta puissance vitale. Tous les animaux sautillent sur leur pattes tous ceux qui volent, tous ceux qui se posent, Vivent à ton lever. Les bateaux font voile, En montant et en descendant le courant, Chaque jour est ouvert Tu apparais. Dans la rivière, les poissons font des bonds Vers ton visage, Tes rayons pénètrent au cœur de la Très Verte.

Tu fais que l'embryon naissent chez les femmes Tu produits la semence chez l'homme, Tu donne vie au fils dans le sein maternel, Tu le mets en paix Avec ce qui arrête les larmes. Tu es la nourrice De celui qui s'abrite encore dans le sein, Tu donne constamment le souffle Pour donner vie à toute créature. Au moment ou la créature sort de la matrice pour respirer, Tu ouvre sa bouche complètement, Tu offres ce qui lui est nécessaire. Le petit oiseau est dans son œuf, Il pépie dans sa coquille, Tu lui donnes le souffle à l'intérieur, Tu lui donne vie. Tu as ordonné pour lui Un temps de gestation mesuré avec rigueur, En le rendant complet ; Il brise sa coquille de l'intérieur, Il sort de l'œuf, il pépie A l'instant fixé, Il sort et marche sur ses pattes.

Comme sont nombreux les éléments de ta création, Caché à nos yeux, Dieu unique sans égal Tu crées l'univers selon ton cœur conscience, Alors que tu étais seul.

Hommes, troupeaux, animaux sauvages, Tout ce qui vit sur terre Se déplaçant sur ses pieds Tout ce qui est dans les hauteurs Et vole, ailes déployées Les pays de Syrie et de Nubie, Le pays d'Egypte, Tu place chaque homme en sa fonction Tu lui octroies ce qui lui convient. Les langues sont multiples Dans leur manière de s'exprimer, Leurs caractères et différents, La couleur de la peau est distincte, Tu as différencié les peuples étrangers. Tu crée un Nil dans le monde inférieur, Tu le fait surgir selon ta conscience Pour donner vie aux Hommes d'Egypte. selon la manière que tu l'as fait pour toi-même. Tu es leur Maître Tu te soucies d'eux, Maître de toutes contrées, Tu te lèves pour elles Disque du jours grand de dignité, tu donnes la vie à tout pays étranger, même éloigné, Tu places un Nil dans le ciel Il descend pour eux, Il donne forme aux courants d'eau Pour arroser leurs champs et leurs villes. Que tes dessins sont excellents, O Seigneur d'éternité, Le Nil dans le ciel Est un don de toi aux étrangers, A tout animal du désert qui marche sur ses pattes ; Pour la terre Aimée, Le Nil vient du monde inférieur.

Tes rayons allaitent tous les champs, Tu te lèves, Ils vivent, poussent pour toi. Tu règles harmonieusement les saisons Tu développement toute ta création. L'hivers a pour fonction de donner la fraîcheur, La chaleur de faire que les hommes t'apprécient. Tu crées le ciel au loin, Tu te lèves en lui, Tu embrase de l'œil toute ta création, Tu demeures dans ton Unité. Tu te lèves en ta forme de disque vivant Qui apparaît et resplendit, Qui est loin, Qui est proche Tu extrais éternellement Des milliers de formes à partir de toi-même, Tu demeures dans ton Unité Villes, régions, champs, chemins, fleuves Tout œil te voit en face de lui, Tu es Aton du jour sur la terre. Tu t'éloignes, Aucun des êtres engendrés par toi n'existe Pour ne point contempler toi-même uniquement.

Aucun de ceux que tu engendre ne te voit, Tu résides en mon cœur. Il n'existe pas un autre qui te connaisse A l'exception de ton fils Akhenaton, Tu le rend connaissant de tes projets, De ta puissance

L'univers vient à l'existence sur ta main Comme tu le crées Tu te lèves, Il vit. Tu te couches, Il meurt. Tu es l'étendue durable de la vie, On vit de toi. Les yeux fixent continuellement ta perfection, Jusqu'à ton coucher, Tu te couches à l'occident Tout travail s'arrête

A ton lever Tu fais croître toutes choses pour le roi ; Le mouvement s'empare de chaque jambe Tu mets en ordre l'univers Tu le fais surgir pour ton fils, Issu de ton être Le roi de Haute et Basse-Egypte. vivant de l'Harmonie universelle, Le maître du double pays, Fils de Rê, Vivant de l'harmonie universelle Maître des couronnes Akhenaton, que le durée de sa vie soit grande ! Que sa grande épouse qu'il aime, La Dame du double pays, Nefertiti, Vive et rajeunisse Pour toujours, éternellement.

 

 

 

 

                        

 

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