MAAT : L'EQUILIBRE UNIVERSEL

 

 

Le "principe" de Maât

Maât est une divinité bien particulière dans le panthéon égyptien, puisqu'elle représente plus qu'une qualité, plus qu'un dieu. Maât est un principe: Maât est l'ordre universel, l'équilibre du monde, la loi qui harmonise le monde. Selon les textes antiques, on peut "faire, dire, et produire" de la Maât. En Égypte ce principe reste la base de la civilisation et s'applique à chaque acte du quotidien et régit la société.

Pour l'ancien Égyptien, Maât assure l'ordre face aux forces du mal (isefet) et du bien (maât). Sur terre, c'est l'incarnation des dieux, le Pharaon, qui se doit de maintenir "l'ordre cosmique établit", faire respecter et respecter lui-même le principe. Le désordre serait du à la faiblesse des hommes et à l'imperfection de la vie sur terre.

 

Représentation

Maât est représentée très souvent en (jeune) femme portant sur la tête une plume d'autruche, symbole hiéroglyphique de son nom. Mais on la retrouve très souvent également dans le livre des morts, au passage de la pesée du cœur, où elle est représentée simplement par une plume. Sur la balance, elle sert de contre-poids au cœur du défunt (le siège de l'âme), et sert à assurer que le cœur n'est pas "lourd", qu'il est juste, et que le défunt à respecter toute sa vie la Maât.

 

 

D'où vient Maât ?

Maât est la fille d'Atoum, le dieu créateur, qui l'aurait engendré au moment du "temps de la première fois", de la création de l'univers. On la considère comme la vie et la source de toutes les énergies. Représentante de la gente féminine, on la considère parfois comme l'épouse de Rê.

Les déesses peuvent parfois s'approprier ses propriétés: elle est alors incarné dans l'uraeus, le cobra sacré. À l'issue de la XVIIIe dynastie, le couple royale est comparé à Rê et Maât, pour renforcer l'idée d'une union garantissant le bon fonctionnement du monde.

 

L'équilibre

Maât assure la cohésion de l'univers, elle fait se suivre indéfiniment les jours et les nuits, conduit la barque du Soleil, règle les saisons, guide, conduit, pilote l'univers sur le droit chemin. Mâat est la justice, l'ordre, la rectitude, l'infaillible juge dispensant ses qualités pour la bonne marche de l'univers.

L'administration, le vizir, le juge suprême et les tribunaux sont sous sa garde. À partir de la XVIIIe dynastie, elle s'inscrit dans le livre des morts comme juge de l'admission des défunts dans l'au-delà devant Osiris.

 

 

L'offrande au dieu

Au fond des temples, Maât siège à côté du Dieu. L'offrande suprême au dieu est alors également appelée "Maât". Puisque Maât est "la nourriture des dieux". Le prêtre s'approche de la statuette de la déesse et profère cette louange:

«Maât est venue pour demeurer sans cesse avec Toi. Maât est toute la place qui T'apartient pour que Tu Te reposes sur elle. Tu rajeunis à sa vue, Tu vis du parfum de sa rosée. Maât est placée comme porte-bonheur à Ta poitrine. Ton œil droit est Maât ; Ton œil gauche est Maât; Tes chairs et Tes mebres sont Maât; le souffle de Ton instinct et de Ton intelligence sont Maât. Ta nourriture, c'est Maât. Combien stable est Maât, qui est unique. C'est Toi qui l'a créée. Il n'y a nul autre dieu qui la partage avec Toi, excepté Toi, éternellement.»

 

LA MAÂT ET LA TOMBE

Dans la tradition des textes funéraires remontant à l'Ancien Empire où la magie joue un rôle dominant, on a procédé à la mise en forme des actions ayant trait à Maât. On les a systématiquement codifiées, donnant ainsi le fameux Chapitre 125 du Livre des morts, celui qui contient la non moins célèbre "déclaration d'innocence".

Cette "Déclaration d'innocence" résume sous forme de liste négative, toutes les actions considérées comme non conformes à la Maât, relevant de l'Isfet (le Mal), le contraire de la Maat.

Il s'agit, entre autre, de ne pas avoir tué, volé, maltraité, blasphémé, transgressé les tabous, etc. Ainsi le défunt peut "se séparer de ses péchés", se purifier.

Si son coeur est en équilibre sur la balance avec la plume de Maât, il devient alors apte à être introduit dans le monde des dieux; il devient un "maa-khérou", ce qui signifie un Juste de voix, mais aussi un Pourvu, quelqu'un pour qui sur terre on agit encore.

Remarquons que le coeur ne doit pas non plus être plus léger que la plume, sinon cela signifierait qu'il y a eu une absence d'action pendant la vie terrestre, "pêché" aussi grave que l'accumulation de mauvaises actions.

 

 

Osiris et le tribunal divin ne font que ratifier le jugement que la société a porté sur le défunt en le laissant se munir d'une tombe, d'un Livre des morts et de tout le matériel complémentaire.

Comme la Maât intégrait l'homme dans la société humaine, elle l'intègre dans la société divine ; il devient membre de la communauté des dieux et a accès au pain-bière de la table d'Osiris.

Maât devient ainsi une condition, non seulement pour réussir sa vie terrestre, ou pour laisser une trace dans la mémoire collective, mais également pour passer l'examen de la balance du jugement dernier.

La grande idée qui ressort, et vraiment nouvelle, est qu'il faudra justifier ses actions dans l'au-delà.

C'est là un fondement moral qui sera repris par la tradition judéo-chrétienne, même si elle ne l'entendra pas exactement de la même façon.