Le Tit, symbole de
vie
Le nœud d’Isis ou Tit est un symbole
égyptien qui reste auréolé de mystère. Le Livre
des Morts du Nouvel Empire l’attribue
généralement à la déesse Isis et précise même
qu’il s’agit du «sang d’Isis», ce qui explique
sa couleur habituelle rouge. Qu’il soit porté
par les vivants ou les morts, il assure la
protection mais son rôle va bien
au-delà.
Divinité bien-aimée de l’Egypte ancienne,
Isis est un
principe universel dont les diverses formes
d’expression canalisent un aspect du deuxième
rayon de la puissance divine, que les Grecs
appelaient le Logos.
À
la fois, épouse, déesse-mère, magicienne, elle
porte le mystère du processus d’incarnation de
la vie ainsi que les clés de sa libération.
Ses représentations sont
multiples : assise sur son trône, elle est le
siège, la matière maîtrisée ; debout, portant
l’ankh
ou croix de vie, et coiffée de l’escalier dont
les trois marches symbolisent l’ordre du monde,
elle signale le chemin. Dans sa forme
hathorique, (sa coiffe surmontée de cornes de
vache d’où surgit le soleil), elle allaite
l’enfant Horus, la lumière renaissante.
Origine, flux et reflux sont contenus
dans son symbole, le nœud d’Isis ou Tit.
Le
nœud, canal de l’énergie
Dans l’Egypte ancienne, le
nœud a toujours représenté la relation organique
qui unit les hommes et les différents plans de
la réalité.
Les prestidigitateurs
modernes qui illusionnent nos sens en faisant et
défaisant des nœuds se sont quelque part
inspirés de la vieille magie égyptienne :
l’art du nœud ne servait pas qu’à l’agrément
d’une parure ou à l’arrimage d’un navire. Avant
tout, le nœud était destiné à retenir les
énergies dont les flux parcourent l’univers.
Ainsi l’image des cartouches, œufs cosmiques
retenus à la terre par un nœud, porteur des noms
sacrés du pharaon.
Mais il suggère aussi la
possibilité pour l’homme de dénouer ses attaches
mortelles pour accéder à l’immortalité.
Le
nœud, symbole de résurrection
Isis est la sœur et
l’épouse du dieu Osiris, dieu du passage, des
cycles et de la résurrection. Ce dernier,
originellement associé à l’âge d’or de
l’humanité, sera trahi, tué et dépecé par son
frère Seth, principe de dissolution, qui en
dispersera les morceaux dans toute l’Égypte.
Alors commencera la longue quête d’Isis, la
veuve, pour d’abord retrouver toutes les parties
du corps d’Osiris et ensuite lui redonner son
intégrité vitale. C’est grâce à son nœud et avec
l’aide de sa sœur Nephtys, parèdre de Seth, donc
en s’alliant les forces antagonistes de
l’existence, qu’Isis parviendra à réanimer
magiquement son époux.
Le
nœud, lien entre le visible et l’invisible
Le nom de la déesse est
formé des doubles sons I et S dont les
représentations hiéroglyphiques signifient
respectivement l’épanouissement de la vie et un
verrou ou cordon se référant à l’action de
nouer. Dans un nœud, les deux parties du lien
gardent leur identité propre tout en devenant
solidaires d’un tout qui les contient sans les
réduire. C’est ainsi que les Égyptiens
concevaient le jeu de la création, un jeu
d’associations, un subtil entrelacs dont la
cohérence dans l’invisible garantit la vitalité
dans le visible.
C’est d’ailleurs à l’aide
des nœuds d’un cordon qu’Isis va redonner vie à
Osiris.
«Isis et Nephtys ont utilisé leur magie
sur toi avec les nœuds d’un cordon, dans la
ville de Saïs…»
De même que le nœud du
cordon ombilical attache le nouveau-né à la
terre, l’acte de nouer dans l’invisible canalise
les énergies vitales.
La puissance d’Isis réside
dans son amour : seul l’amour possède une
force de cohésion unificatrice, aussi légère que
la plume de Maât, aussi rayonnante que la
lumière de Ré. La puissance isiaque peut alors
réunir les éléments disparates sans les
confondre, en donnant à chaque composante son
rôle spécifique dans un rapport harmonique avec
l’ensemble.
Isis devient elle-même
agent de résurrection, image vivante de son Tit,
quand elle parvient à «digérer» la mort et à se
purifier des forces de dissolution qui l’ont
accablée lors du démembrement de son époux.
Avec l’aide de sa sœur
Nephtys, Isis est donc à même de recréer l’unité
de la vie dans son double aspect de vie et de
mort et d’opérer une transmutation de la matière
inerte en corps de lumière capable d’enfanter
dans l’invisible : ainsi naîtra Horus, le
faucon de lumière qui éloigne les ténèbres,
conçu magiquement.
Le
nœud, symbole magique
Le nœud d’Isis ressemble à
l’ankh, clé de vie dont les branches
horizontales se seraient repliées vers le bas
comme des bras, le tout suggérant une silhouette
humaine.
Symbole de la déesse,
représentant un nœud de ceinture rouge,
généralement en cornaline ou en jaspe, il évoque
le sang (véhicule de l’énergie vitale) et le
pouvoir magique d’Isis et constitue une
puissante amulette protectrice. Sa mère l’aurait
utilisé alors qu’elle était enceinte d’Horus
pour protéger rituellement son
fils.
Le nœud est un symbole
puissant qui unit les forces positives et
repousse les forces maléfiques. Le Tit
servait aussi bien pour la protection des femmes
en couche que dans les rituels de momification
et de protection des momies. Il était alors posé
sur les poumons, le cœur ou la poitrine du
défunt. Il est aussi le tampon protecteur de
l’embryon, opérant comme une double matrice
invisible.
Le
nœud, symbole de stabilité et de création
Le hiéroglyphe Is,
représenté par un verrou (un nœud de corde) sur
deux jambes qui marchent, caractérise
l’impulsion pour aller de l’avant : Isis est
celle qui est capable de remettre le monde en
marche, de transformer l’inerte en vie. La
résurrection osirienne est son œuvre.
On trouve souvent le nœud
d’Isis associé au pilier Djed, colonne de la
stabilité osirienne, sur les frises des temples
ou sur les sarcophages : outre son rôle
prophylactique, il symbolise alors le pouvoir
créateur androgyne du couple primordial, modèle
alchimique de transmutation.
En effet, le Tit
harmonise dans les plans subtils, les
composantes de l’être humain, du physique, et
énergétique jusqu’au spirituel, libérant la
puissance nécessaire pour vaincre les épreuves
de la mort et de la dissolution, ouvrir les
chemins de l’au-delà et regagner l’intégrité
opérationnelle.
«Tu as ton sang Isis ; tu possèdes
ton pouvoir magique, Isis. Tu as la magie, Isis,
l’amulette qui est la protection de ce grand
dieu, qui réprime celui qui lui cause du
tort.»
Investi de cette puissance,
l’initié peut alors s’unir à la conscience
cosmique et renaître dans l’au-delà à la vie
éternelle.
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