SYMBOLES DE LA MORT

     

 

Le Phénix, oiseau fabuleux qui renaît toujours de ses cendres, est le symbole de résurrection le plus répandu dans le monde. Sa légende trouve son origine à Héliopolis, ancienne ville égyptienne où l'on vénérait le dieu du Soleil, Râ, dont le héron Bennou (nom du Phénix en Egypte), serait une incarnation. Les mythes diffèrent sur quelques points de détail - la couleur du plumage, par exemple -, mais ils relatent tous à peu près la même histoire. Le Phénix, unique oiseau de son espèce, était un animal fabuleux, doté d'une longévité miraculeuse (cinq cents ans ou plus, d'après certains auteurs), qui avait le pouvoir de renaître de ses cendres. Quand l'heure de sa fin approchait, il se construisait un nid d'herbes aromatiques, puis s'exposait aux rayons du soleil et se laissait réduire en cendres. Trois jours plus tard, il renaissait. Alors qu'il ne représentait, au début, que l'apparition et la disparition cycliques du soleil, le Phénix devint rapidement un symbole de résurrection ; il incarne l'âme ou l'immortalité dans les différentes iconographies. Les créatures ailées figurées au-dessus d'un bûcher funéraire ou s'échappant du corps d'un défunt ne sont pas toutes, pour autant, un phénix. Il peut s'agir d'un autre oiseau, un aigle, par exemple, qui symbolise parfois l'âme des empereurs.

 

 

Mythe

Nombreuses sont les illustrations où l'on retrouve le symbole quasi universel de l'âme métamorphosée en oiseau après la mort. Et si le mort n'apparaît pas toujours sous l'apparence d'un oiseau, il n'en demeure pas moins associé à des êtres mythiques ailés, des anges ou des insectes. Le symbolisme de l'oiseau a donc un rapport étroit avec l'âme désincarnée que l'on suppose capable d'évoluer dans les airs avec l'aisance de l'oiseau. Les oiseaux des morts, chouettes, corbeaux, faucons, relèvent aussi de ce symbolisme.
Dans la religion de l'ancienne Egypte le ba est la partie de l'âme qui, sous l'apparence de l'oiseau, vole vers le ciel, tandis que le ka, demeure dans la momie. Les harpies et autres créatures ailées emportent les âmes vers les champs de l'au-delà.

Le guide des morts, peut revêtir aussi l'apparence d'un chien ou d'un loup, ainsi que le représente la mythologie égyptienne avec Anubis à la tête de chacal. Ce guide des âmes pouvait être celui des destinées, apparaissant sous les traits d'un bon ou d'un mauvais génie qui accompagne l'homme sa vie durant et jusque dans l'au-delà, où il se faisait alors l'avocat de l'âme devant le juge des morts.

 

 

Le voyage

L'idée que l'homme mythique se faisait du grand voyage dans l'au-delà était celle d'un cheminement aussi pénible que périlleux. Toute représentation de l'au-delà repose nécessairement sur des concepts et des dimensions du monde terrestre. Des chemins ascendants et descendants permettent aux âmes de franchir le passage de la mort. Au cours de leur voyage, elles arrivent au séjour des morts que le mythe plaçait souvent dans les nuages ou dans la lune. Le voyage dans l'au-delà mène dans un monde inconnu, par un chemin hérissé de dangers et d'obstacles, d'autant plus menaçants qu'ils sont imprévisibles. Des rites et des cérémonies furent donc instaurés pour assurer la protection des âmes durant leur voyage vers l'au-delà.

Dans une barque du soleil, le dieu-soleil Râ à tête de bélier navigue sur le Nil en direction de l'est. Selon le Livre des Morts égyptien, la traversée nocturne du soleil symbolise le cheminement de l'âme à travers les enfers, vers la renaissance. En Egypte, les dons funéraires symboliques d'une grande richesse avaient pour fonction d'assurer à 1 ' âme un certain bien-être dans l'autre monde, ainsi que le prouvent les pyramides et les chambres mortuaires de la Vallée des Rois.

Lieu du passage, le pont figure l'inévitable épreuve morale qui place l'homme devant l'obligation de choisir. Son choix le damne ou le sauve. C'est ce qu'exprime un autre symbole du jugement, la balance. Dans l'Egypte ancienne, le défunt devait faire admettre son innocence devant le tribunal d'Osiris ; la pesée du coeur, celui-ci révélant sa légèreté ou sa lourdeur devant la vérité, témoignait pour ou contre le défunt. Ce thème sera repris dans l'iconographie chrétienne, où l'archange saint Michel surveille les plateaux de la balance.

Bien que séparées par des millénaires, ces deux illustrations se ressemblent et montrent la voie de la lumière et de la vie. Pour l'homme qui a pris conscience, ces deux voies n'en forment finalement qu'une seule.
Pendant la nuit, le scarabée égyptien fait rouler la sphère du soleil à travers les enfers en direction de l'orient où Horus portera l'astre à travers le jour. Toute vie est liée au soleil, et le voyage égyptien, selon le Livre des Morts, représente le périple des âmes jusqu'au moment de la renaissance de leur lumière. C'est pourquoi le scarabée se trouve dans la nuit la plus profonde au moment où le soleil entame le cycle de sa renaissance.